Femme, femme, femme

Notrufzentrale 112
Feuerwehr
Zivilschutz
Ereignis
Elles sont opératrices dans une centrale d’urgence 112, exercent la profession de pompier ou travaillent dans une unité de la Protection civile. Toutes participent activement au bon fonctionnement de la chaîne des secours pour venir en aide aux personnes en danger. C’est avec simplicité et beaucoup d’enthousiasme qu’elles nous ont parlé de leur métier. Sans langue de bois, avec lucidité, elles ont abordé leurs souvenirs, leurs réflexions et autres ressentis : légers ou poignants, sérieux ou humoristiques, pragmatiques ou idéalistes. Des récits remplis de diversité pour illustrer les métiers de la Sécurité civile.
Journée internationale des droits des Femmes

Amandine est opératrice depuis un peu plus de 10 ans dans la centrale d’urgence 112 de Namur. Lorsque nous avons demandé quelques témoignages sur le quotidien d’une opératrice 112, à l’occasion de la Journée internationale des droits des Femmes de ce dimanche 8 mars, elle a répondu immédiatement présente.

Pour évoquer la profession de pompier, c’est à Katrien, seule femme en Belgique qui remplit la fonction de commandant de zone de secours (Brandweer Zone Rand), que nous avons donné la parole.

A la Protection civile, nous nous sommes adressé à Evi, qui coordonne la gestion des risques Chimique, Biologique, Radiologique et Nucléaire (CBRN) à l’unité de Brasschaat.

Quelques constantes sont apparues lors de nos rencontres-découvertes : la multiplicité des tâches qu’elles sont amenées à accomplir, qui constitue un atout pour chacune d’elles, ainsi que l’engagement et l’entrain dont elles font preuve lorsqu’elles parlent de leur vie professionnelle.

Nous vous en livrons quelques morceaux choisis :

 

Katrien

Katrien, commandant de zone

« Une de mes premières interventions en tant qu'officier a été un accident au cours duquel la voiture impliquée a pris feu. Heureusement, le chauffeur était déjà sorti. Une des roues a roulé sur 100 mètres environ. Les pompiers voulaient la prendre en souvenir de ma première intervention et la mettre dans le jardin comme bac à fleurs. Evidemment, c'était sans compter sur la police.

Chaque jour est différent et la flexibilité est donc indispensable. C'est un éventail de tâches très diverses, qui n'est pas fixe et c'est ce que je trouve si intéressant dans ce travail. 

Mes journées sont généralement remplies de réunions et d'entretiens avec des collègues de la zone de secours ou d’autres zones et des personnes extérieures aux services d'incendie. Et bien sûr, lorsqu'une intervention majeure se produit, le programme quotidien est complètement chamboulé. 

La chose la plus importante dans mon travail est que vous devez être capable de traiter avec les gens et de faire preuve d'empathie. 80% de mon travail est consacré à la gestion des ressources humaines et à la résolution de problèmes. C'est quelque chose que l'on apprend par la pratique. 

Davantage de femmes sont certainement les bienvenues, mais ce sont surtout les compétences qui comptent. Nous cherchons encore beaucoup de pompiers, et qu'ils soient des hommes ou des femmes n'a pas d'importance pour moi. Pouvoir compter sur le collègue qui est à vos côtés lors d'une intervention et s'entraider en cas de besoin : c'est le plus important. Je connais des femmes qui sont intéressées, mais maintenant elles doivent encore franchir le cap. Faites-le, tout simplement ! »

 

Amandine

Amandine, opératrice 112« Je me souviens très bien de mon premier appel. J'étais encore accompagnée d'un « ancien » au cas où…. Et on peut dire que cet appel fut marquant ! En effet, j'ai répondu à un policier qui était à son domicile et sa femme, policière également, avait pris son arme de service afin de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête. Lors de l'appel elle était en train d'agoniser. Je pouvais très bien l'entendre et son mari était traumatisée par la situation. Il lui parlait, lui disait de rester avec lui, lui criait son amour… Mais c'était trop tard. Mon rôle fut d'envoyer rapidement les secours et de parler calmement au mari pour qu'il ne soit pas tout seul devant ce drame. Ce n'était pas évident. Je m'en souviendrai toute ma carrière.

Pour moi ce travail demande énormément d'empathie. Il faut savoir se mettre à la place de celui qui nous appelle, mais il faut aussi bien sûr être réactif pour ne pas perdre de temps dans l'envoi des secours. Ensuite il faut se remettre en question tous les jours, après chaque appel, car on pourra toujours mieux faire, apprendre encore et s'améliorer.

À mes débuts ce qui m'a parût difficile c'est de mener à bien l'appel. Et de savoir recadrer les appelants qui sont en pleine angoisse et qui crie ou t'insulte... Il faut absolument garder son calme et pouvoir remettre les choses en place, afin de guider le requérant au mieux. Nos questions sont déterminantes, mais ses réponses encore plus. Il faut savoir se faire entendre. Même si c'est souvent très compliqué, c'est le job... »


Evi

Evi, coordonne la gestion des risques CBRN« Pendant les premiers mois où j'ai travaillé pour la Protection civile, les équipes ont eu pour instruction de me faire participer à des exercices internes afin que je puisse me faire une idée du travail que nous effectuons et de la manière dont les procédures fonctionnent. Un jour, la procédure pour les colis suspects était prévue au programme et le matin, nous avons abordé la théorie. L'après-midi, alors que nous avions entamé la pratique depuis cinq minutes, un véritable appel est parvenu. Je suis donc partie directement en intervention. Expérience de premier ordre pour une première intervention.

Maîtriser la grande diversité des capacités et des ressources n’est pas chose aisée. Je dois admettre qu'avant de commencer à travailler à la Protection civile, je ne connaissais ce service de secours qu'au travers des travaux de pompage lors de fortes inondations et des berlingots d'eau qui étaient distribués lors des embouteillages après des accidents majeurs. Mon premier jour de travail m'a vraiment ouvert les yeux : quelles sont les ressources dont nous disposons, à quoi nous servons, etc. Nous disposons de beaucoup de matériel qui, heureusement, ne doit pas être utilisé tous les jours, mais au bout d'un moment, on oublie à quoi il ressemble. Il est donc indispensable de beaucoup s'exercer.

Le fait qu'il y a actuellement peu de femmes qui travaillent à la Protection civile, ne doit pas arrêter celles qui souhaiteraient y entrer. Quelques-unes doivent être les premières à briser le cliché. Et en fin de compte, nous travaillons tous ensemble dans le même but, en faisant en sorte que notre service fonctionne le mieux possible, et le genre ne joue aucun rôle dans ce domaine.»